Marguerite Rutan, un nom qui chante la Lorraine et la fermeté ! Née le 23 avril 1736, cette fille de la charité, bien dans la ligne de sa vocation, en fidélité à saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac, a pris le chemin de l'obéissance et cette voie l'a amenée à Dax où elle fut la supérieure remarquée de l'Hôpital Saint-Eutrope de Dax, de 1779 à 1794. Femme d'entreprise à la manière paternelle, femme forte à la manière biblique, elle traverse la tempête révolutionnaire en s'appliquant au service des pauvres. Elle butte sur les excès de la Terreur et en devient la victime innocente, en montant sur la guillotine, à l'âge de 58 ans, avec l'abbé Lannelongue, prêtre landais et curé de Gaube, le 9 avril 1794.
Un an après son sacrifice, le Directoire du District de Dax se prononcera en ces termes éloquents : « La commune de Dax regrettera longtemps une femme vertueuse, une femme créatrice du plus bel établissement d'hospitalité qui existât dans plusieurs départements, qui, par caractère, tenant à une opinion religieuse, a été inhumainement sacrifié sur des motifs dont la preuve est encore à acquérir ». Le 1er juillet 2010, Benoît XVI a signé le décret reconnaissant son martyre, ouvrant ainsi la voie à la béatification. Comment ne pas aimer cette fille de la charité qui fait irrésistiblement penser à Blanche de la Force de Bernanos dans le « Dialogue des Carmélites » ? La voici dans toute sa splendeur, celle du don absolu de soi.