Les Pères qui, pour la plupart, étaient des pasÂteurs, ont été non seulement les pionÂniers de la civiÂliÂsation chréÂtienne, mais aussi les construcÂteurs de l'Église. Ils lui ont permis de s'organiser et de durer. Le Concile Vatican II ne s'y est pas trompé, en fondant sa ConstiÂtution dogÂmaÂtique sur l'Église, Lumen gentium, sur l'apport des Pères. Ceux-??ci ont, en effet, édifié l'Église de l'intérieur et de l'extérieur, en vivant la charité et en lui donnant des strucÂtures. Ils ont eu une conscience très vive qu'il n'y a pas de chréÂtiens sans Église, comme le fait resÂsortir la célèbre formule de Cyprien : « II ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n'a pas l'Église pour mère », et l'ecclésiologie de comÂmunion à laquelle nous revenons aujourd'hui se dégage de leurs écrits.
C'est autour de cette eccléÂsioÂlogie de comÂmunion, fruit de l'Église indivise, que s'organise ce numéro de CPE. Gilbert Kongs en rapÂpelle l'ancrage triÂniÂtaire et chrisÂtoÂloÂgique ainsi que le rôle qu'y joue l'évêque. Puis, Michel Dujarier, qui a écrit un ouvrage décisif sur « L'Église- fraÂternité », précise le sens de cette expression, ainsi que son enjeu théoÂloÂgique, qui est une autre manière d'exprimer la phrase d'Irénée et d'Athanase : « Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. » C'est, en effet, l'adoption filiale que les Pères désiÂgnent par là , l'Église n'étant autre que « la fraÂternité dans le Christ ». En reprenant l'ecclésiologie de Cyprien, Paul Mattei montre à quel point elle est centrée sur l'unité, l'unité de l'Église, qui est donnée par la Trinité, et que l'évêque concrétise. Avec des termes difÂféÂrents, Augustin adopte une persÂpective anaÂlogue, comme le souÂligne Jaime Garcia. Passant de l'organisation liturÂgique à la défiÂnition juriÂdique, de l'Église d'Occident à l'Église syriaque, Colette Pasquet s'attache à un synode, celui de Séleucie-?? CtéÂsiphon, qui précise, cette fois, la comÂmunion entre les Églises locales et l'Église uniÂverÂselle. Un texte des ConstiÂtuÂtions aposÂtoÂliques proÂlonge cette comÂpoÂsante juriÂdique que nous pourrons reprendre dans un autre numéro. En un bilan final, nous enviÂsaÂgeons l'apport des Pères à l'ecclé sioÂlogie, avant de voir comment cette éccléÂsioÂlogie est mise en oeuvre à partir d'une recherche récente, celle de ChrisÂtelle Faux.
Marie-??Anne VANNIER
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