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Numéros de Connaissance des Pères de l’Eglise

Connaissance des Pères de l'Église n°87

Quelle vision de l'homme au temps des martyrs

Collectif (Auteur)

L'un des apports spé­ci­fiques du chris­tia­nisme dans les pre­miers siècles vient de la vision radi­ca­lement nou­velle de l'être humain qu'il pré­sente, celle d'un être humain qui, non seulement est en relation avec son créateur, mais encore qui est chris­to­phore, porteur du Christ à ses frères, témoin du Christ à l'image duquel il est configuré dans l'Esprit. On ne mesure pas tou­jours de nos jours le ren­ver­sement de pers­pec­tives qui a, alors, été effectué et qui illustre un des points du numéro pré­cédent de CPE relatif au rapport entre foi et culture.
À l'encontre du dua­lisme grec et gnos­tique, les Pères, et en par­ti­culier les plus proches des ori­gines : Ignace d'Antioche et Irénée de Lyon, se sont attachés, comme leurs pré­dé­ces­seurs juifs, à mettre en évi­dence l'unité de l'être humain. Ainsi ont-??ils, à de rares excep­tions près, refusé le mépris de la chair et fait res­sortir l'identité per­son­nelle, la relation de l'être humain à Dieu. Ils ont lar­gement com­menté Genèse 1, 26, ce verset qui évoque la création de l'être humain à l'image de Dieu. Si cer­tains Pères ont cherché à loca­liser cette image de Dieu, Irénée l'a située dans l'être humain tout entier, et Origène a employé cette belle image du puits d'eau vive, pour en rendre compte, comme le rap­pelle Jaime Garcia. D'autres Pères ont éga­lement sou­ligné la dimension tri­ni­taire de cette image qui est l'oeuvre de la Trinité tout entière. Tous ont mis l'accent sur le renou­vel­lement de cette image et ils l'ont parfois exprimé en termes de passage de l'image à la res­sem­blance de Dieu.
Par le fait même, ils ont fait un pas de plus pour exprimer la spé­ci­ficité même du chris­tia­nisme et dégager le sens de l'Incarnation. On com­prend, dès lors, pourquoi Ignace d'Antioche, comme le montre Daniel Vigne, fait de l'Incarnation l'axe de son anthro­po­logie : il en va de l'enjeu de cette création nou­velle qui s'effectue dans le baptême et se réalise dans la Résur­rection. Comme le disait Irénée de Lyon en un rac­courci remar­quable et bien connu : « Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu ». C'est là la Bonne Nou­velle de l'Évangile, une espé­rance qui dépasse toute sagesse humaine.
Les Pères, qui ont été les pion­niers de la civi­li­sation chré­tienne. ont su poser les bases de l'anthropologie, à partir de la double réalité de l'incarnation et de la Résur­rection, comme le montrent res­pec­ti­vement Bernard Pou­deron pour les Apo­lo­gistes, Jacques Fantino pour Irénée de Lyon et Fré­déric Chapot pour Ter­tullien et ce n'est cer­tai­nement pas un hasard si le premier traité d'anthropologie chré­tienne est le Traité de la Résur­rection d'Athénagore d'Athènes, comme le rap­pelle Bernard Pou­deron. C'est, en effet, une anthro­po­logie résolu-??ment opti­miste et qu'il est bon de redé­couvrir et de com­pléter aujourd'hui que les Pères ont dégagée de l'Écriture, en réponse aux pro­blèmes de leur temps. C'est à celui des martyrs que nous consa­crons ce premier volet, nous le com­plé­terons par un second traitant de l'époque de la paix constan­ti­nienne. Deux numéros sur la question de l'anthropologie ne don­neront d'ailleurs qu'un aperçu d'un domaine si riche.

Marie-??Anne Vannier








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