Tertullien est au IIIe siècle ce qu'Augustin est au IVe : un des géants de la pensée chrétienne. Sans doute son oeuvre est-??elle moins considérable que celle d'Augustin (bien que trente et un de ses livres soient parvenus jusqu'à nous), mais son apport est décisif quant à la codification du vocabulaire théologique, à la théologie du baptême, à l'apologie… C'est lui, en effet, qui a défini la Trinité comme « une substance et trois personnes », c'est lui qui a présenté le baptême comme le sacramentum fidei (le sacrement de la foi) et qui a fait de l'apologie un genre littéraire à part entière.
Ces différents aspects de l'oeuvre de Tertullien, Frédéric Chapot les reprend « en parcourant la Chronica Tertullianea ». Puis, Liette Réau présente l'Ad martyras qui est le plus souvent considéré comme le premier ouvrage de Tertullien, mais qui jusqu'ici a été peu travaillé. Elle met en évidence son caractère original, qui n'est pas celui des Actes des martyrs, mais qui s'apparente davantage à la harangue militaire et elle rappelle que Tertullien emploie le terme de martyr au sens habituel de témoin, de confesseur de la foi. En un article de synthèse, Frédéric Chapot reprend, ensuite, les grands axes de la polémique de Tertullien, sa lutte contre l'hérésie et la règle de foi qu'il propose, a contrario.
Charles Munier, qui a édité le De pænitentia et le De pudicitia (SC 316 , 394-??395), nous fait bénéficier de l'acquis de sa recherche, en montrant comment Tertullien a été « le premier auteur de l'Antiquité chrétienne qui nous permette d'entrevoir quelque peu les modalités concrètes du processus pénitentiel », son lien avec le baptême…, avant d'en venir aux dérives du montanisme, que Jacques Fantino présente en un article final.
Marie-??Anne Vannier
