Notre époque a plutôt de la sympathie pour ceux que les siècles antérieurs ont désignés comme hérétiques, avec toutes les conséquences qu'une telle condamnation pouvait avoir. Ainsi s'instruit le procès de l'institution ecclésiale et se nourrit la méfiance à l'égard des processus d'exclusion.
Même si le terme « hérésie » n'était pas absent des textes profanes du grec hellénistique, c'est vers le milieu du IIe siècle que la notion d'hérésie prend une consistance dans l'Église. De façon complexe, et différemment selon les périodes et les contextes, le développement d'une hérésie se traduit par une rupture à la fois institutionnelle et doctrinale, dans laquelle, notons-??le, les motifs politiques ne sont pas non plus absents. Faisant oeuvre normative et frappant d'anathème les affirmations théologiques d'un personnage ou du groupe de ses disciples, les conciles sont ainsi amenés à définir, à préciser progressivement des points centraux de la confession de foi de l'Église. Nombreux sont les traités Contre les hérésies, véritable genre littéraire de la période patristique , s'ils constituent des sources précieuses de documentation pour l'histoire des hérésies, ils n'échappent pas toujours à la polémique, à la caricature des adversaires?–?attitudes qui ont pu également se retrouver dans les traités Adversus Judaeos, contre les Juifs.
Plusieurs publications récentes marquent et suscitent un nouvel intérêt pour la réflexion sur le rôle et la portée des hérésies dans l'histoire de l'Église , il n'est pas inutile, sans doute, de revenir aux sources et de découvrir la diversité représentée par ce seul mot d'hérésie.
Françoise Vinel