Sens et essence du travail.
« Travailler, est-ce seulement être utile ? » « Que gagne- t-on en travaillant ? » Alors que les élèves français planchaient en juin dernier sur ces sujets de philo du baccalauréat, un grand groupe industriel annonçait une réduction drastique des effec- tifs, des petites et moyennes entreprises licenciaient, le taux de chômage dans l’Union européenne tournait autour de 10 % – deux fois plus chez les moins de 25 ans –, une grande entre- prise était confrontée à des suicides sur le lieu de travail et le stress caracole en tête des risques psychosociaux liés à l’activité professionnelle. Le travail porte en lui une ambivalence. Il est aussi bien source de réalisation de la personne, de bonheur, de créati- vité, d’intégration et de reconnaissance sociale, que facteur de contrainte, de conflit, de souffrance, d’exploitation de la personne… Intensification du rythme de travail, flexibilité, précarité, insécurité de l’emploi, dématérialisation des tâches, difficile articulation entre vie professionnelle et vie privée font que le mal-être au travail est malheureusement un phé- nomène qui se développe dans des proportions considérables. Tous les vécus coexistent, du plus négatif au plus positif. Il n’en reste pas moins que le travail structure la personne et la société. Au-delà de la satisfaction des besoins matériels, il porte en lui un contenu relationnel et spirituel indéniable qui doit être pris en considération tant le travail pèse sur l’équilibre de notre vie. Le dossier de ce numéro propose de faire le point sur le sens profond que nous attribuons à notre activité profession- nelle. Et d’y trouver motif d’espérance. Car donner du sens au travail revient à donner sens au fruit de ce travail, à la pro- duction économique comme à la consommation, à son utilité et à notre rôle dans la collectivité, à notre capacité créatrice pour modeler ce monde… bref, à toute une vie laborieuse.
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