Sans vérité, pas de confiance
Alors que la communauté Focolari en France s’apprête à recevoir le rapport d’enquête de GCPS Consulting concernant les agressions sexuelles et les abus commis en son sein, l’équipe responsable a tenu à faire passer un message résolument tourné vers les victimes. « Ce rapport nous aidera pour avancer et nous améliorer, même si le chemin est difficile et douloureux. C’est un moment important pour grandir dans la vérité et dans un amour plus concret, un appel de Dieu qu’il ne faut pas rater. C’est une nouvelle maturité, et une plus grande et consciente capacité d’amour, que ces événements nous réclament personnellement et surtout collectivement. Prenons-le comme un précieux instrument d’orientation, à manier avec le courage de la vérité et la détermination à accomplir les changements nécessaires. Nous l’étudierons ensemble, nous chercherons les réponses à y apporter. »
Nombreux sont ceux qui se sont déjà mis en route, qui ont osé parler des dysfonctionnements, des épisodes mal vécus, poser des questions gênantes, notamment lors des soirées « Libérer la parole ». Mais gardons-nous de croire que le plus gros du travail sera fait avec la publication de cette enquête car les problèmes ont probablement un caractère « systémique », à l’image de ceux présents dans l’Église et révélés par la CIASE. Et changer un système et des mentalités demande du temps, de l’humilité et du courage.
Des figures courageuses, nous en avons rencontré en préparant ce numéro. Celle de la journaliste philippine Maria Ressa qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2021. En le recevant, elle a fustigé les géants technologiques américains coupables de laisser par cupidité se déverser « une boue toxique » sur les réseaux sociaux. « Cela a permis au virus du mensonge d’infecter chacun de nous, nous dressant les uns contre les autres, faisant ressortir nos peurs, notre colère et notre haine, et préparant le terrain pour la montée des dirigeants autoritaires. » Ces entreprises « sont fâchées avec les faits. Or, sans les faits, vous ne pouvez pas avoir la vérité. Sans vérité, vous ne pouvez pas avoir de confiance. Sans confiance, nous n’avons pas de démocratie. »
À quelques semaines de l’élection présidentielle, en quoi pouvons-nous être vigilants ? En ne choisissant pas les messages qui nourrissent le sentiment d’humiliation. En effet, pour le philosophe Olivier Abel1, « l’humiliation est une question politique ! Elle a des effets lointains, parfois désastreux, pour des individus ou des sociétés entières. Ces atteintes à la reconnaissance peuvent avoir des effets politiques énormes sur plusieurs décennies. En témoigne la signature du traité de Versailles, l’arrivée au pouvoir de Trump, Erdogan, Poutine ou le mouvement des Gilets jaunes. Il faut que l’on développe une sensibilité collective à ce sujet. » À l’heure justement où les sentiments et les émotions ont submergé la scène politique, soyons attentifs à la manière dont les candidats s’expriment : leur parole est-elle modeste, non écrasante, non humiliante ?
Philippe CLANCHÉ et Émilie TÉVANÉ
redaction@nouvellecite.fr
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