« Scandale » en Haïti
Haïti, 12 janvier 2010. Il a suffi d’une minute pour que tout bascule… Des milliers de bâtiments, et surtout des dizaines de milliers de vies. Nous avons encore dans les yeux les scènes de désolation, les regards de rescapés hagards, les lamentations déchirantes de mères de famille, la multitude de cadavres jonchant les rues… Comment ne pas s’émouvoir devant tant de situations dramatiques, comment ne pas se révolter face à tant de souffrance ! « Frappée par tous les malheurs de la Terre, Haïti fait douter sinon de l’existence de Dieu, au moins de la divine providence » écrit même un éditorialiste célèbre (Cf. « Le Christ s’est arrêté avant Haïti » par Jean-François Kahn, Marianne, 16-22 janvier 2010). Le questionnement est non seulement fondé mais doit être exprimé. Je ne peux cependant pas m’empêcher de repenser à la bouleversante expérience que Chiara Lubich et ses premières compagnes Focolari font en pleine guerre dans leur ville de Trente sous les bombardements. Des maisons détruites, le fiancé tombé au combat, une mère de famille hurlant au désespoir parce que ses quatre enfants viennent de mourir… là aussi, tout passe, tout s’écroule. Il y aurait de quoi désespérer. Existe-t-il une raison de vivre qui ne passe pas ? Au milieu des ténèbres, une réponse lumineuse s’impose : Dieu. Dieu est Amour. Il deviendra le choix de vie radical de ces jeunes filles et de millions de personnes, à leur suite, qui feront cette même découverte révolutionnaire, « scandaleuse ». Oui, la souffrance demeure un scandale aux yeux de tout homme. Et pourtant, quand elle nous atteint, Dieu veut encore nous manifester qu’il nous aime chacun personnellement, immensément. Que dans chaque détachement, traumatisme, échec, solitude, abandon… il est mystérieusement présent. Scandale et folie pour les uns, sagesse et ouverture à des horizons inconnus pour bien d’autres. Le chemin vers Pâques, qui est précisément passage d’une mort à une nouvelle vie, n’aurait aucun sens sans cette conviction expérimentée. Il ne s’agit pas là de simples états d’âme. L’amour ne peut qu’être concret. Qui a faim, soif, est démuni, blessé, seul… près de nous comme au-delà des océans, peut d’autant plus s’ouvrir à la compréhension de l’amour si nous le lui manifestons. Et nous-mêmes, grandissons en humanité et en fraternité.
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