Victimes consentantes ?
Deux messages forts résonnent encore dans ma tête. Un extrait du petit manifeste Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, grand résistant et co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 : « Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir un motif d’in- dignation. C’est précieux. (…) La pire des attitudes est l’indifférence, dire “je n’y peux rien, je me débrouille”.» En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essen- tielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la consé- quence. » Et puis, dans le film Des hommes et des dieux, au chef islamiste qui le menace de son arme et lui lance l’in- jonction : « Vous n’avez pas le choix », la réplique du moine de Tibhirine émanant d’une conviction intérieure : « Si, j’ai le choix. Il est vrai que dans notre monde si complexe, les leviers de vrais et profonds changements paraissent hors de notre portée. L’accaparement frénétique de la vie quotidienne, une actualité qui chasse une autre, le sentiment de res- ponsabilités diluées… contribuent à rendre les raisons de s’indigner moins nettes, les tentatives pour s’engager moins mobilisatrices. Au point de nous faire devenir, en quelque sorte, des victimes consentantes malgré elles, sous prétexte que nous n’aurions pas le choix ? La période du Carême qui s’ouvre pour les chrétiens, propose précisément de prendre le temps de s’interro- ger sur le sens que nous donnons à notre existence, sur nos attitudes face aux biens et aux personnes, sur notre capa- cité à nous ouvrir aux autres et à partager… un temps pour changer, évoluer vers plus d’humanité. Oui, nous avons tou- jours le choix de réagir ou non, et la possibilité d’agir. Ici et maintenant. Notre dossier « Économie, une affaire de don » s’inscrit précisément dans le contexte de la crise éco- nomique actuelle comme une force de réaction et de proposition innovante qui met réellement l’écono- mie au service de l’homme. Une utopie en marche, une réalité en puissance.
Avis
Il n’y pas encore d’avis.