Pauvreté : agir tout de suite et à long terme
Leur succès est notre échec ! Le nombre croissant de personnes ayant recours aux Restos du Cœur, à Emmaüs comme au Secours Populaire ou au Secours Catholique sanctionne notre échec collectif de vouloir réduire la pauvreté. Même « chez nous », en Europe, plus grande puissance économique du monde, la fracture sociale s’est accentuée et la précarité touche toutes les tranches d’âges, du jeune sans emploi au retraité avec sa trop maigre pension. Avec moins de 850 euros par mois, un Européen est considéré comme pauvre. Selon ce critère, on dénombre entre 78 et 100 millions de pauvres dans l’Union européenne, soit 17 % de la population.Il se fait pourtant tant de choses positives sur le terrain. Si l’accueil du Sans Domicile Fixe, le repas chaud distribué par une association, le vestiaire et l’épicerie sociale ouverts dans la ville, demeurent nécessaires pour garder une dimension personnelle et associative d’engagement et créer du lien social, la question de la pauvreté doit aussi être traitée au plus haut niveau politique. C’est pourquoi 2010 a été déclarée Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il faut faire jaillir une prise de conscience pour que les politiques considèrent la pauvreté et l’exclusion comme problèmes de société majeurs, en identifient les causes et se donnent les moyens effectifs pour les traiter. Il faut dépasser le caractère de réponse à l’urgence pour engager une logique de long terme, tant il s’agit là d’un élément essentiel de la cohésion sociale. Les idées et propositions ne manquent pas, de plus en plus souvent avec la participation active des personnes qui sont elles-mêmes en difficultés sociales. L’heure est à la volonté et aux choix politiques. Une réponse durable aux crises actuelles réside dans nos efforts pour la solidarité globale. Il nous revient, en tant que citoyens, de donner voix aux inquiétudes et aux besoins des personnes vivant dans la pauvreté. Mais encore d’exiger et de soutenir auprès de nos élus, des pouvoirs publics, des partenaires sociaux, du privé comme du public… des engagements fermes. La solidarité a présidé à la création de l’Union européenne il y a 60 ans et elle est encore considérée comme une valeur essentielle de notre « vivre ensemble ». À nous de la faire fructifier. Alain Boudre
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