Editorial
Le récit d’une vie et de ses étapes n’a-t-il pas toujours quelque chose d’attachant ? Les voyages de Jérôme, ses rencontres, son rôle de maître et ami auprès de Marcella, Paula et Eustochie, nous tracent d’emblée le portrait d’un personnage hors du commun. L’enquête prosopographique que suscite la richesse de sa correspondance permet de préciser les contours de la société chrétienne encore toute jeune dans laquelle il joue un rôle : les discussions entre intellectuels y vont bon train, prêtres, moines et évêques s’y congratulent ou s’y opposent sans ménagement, et les conversions d’aristocrates à une forme de vie monastique marquent cette période.
Sur des questions souvent liées à l’exégèse, les susceptibilités et les mouvements d’humeur de Jérôme, que nous découvrons au fil de ses échanges épistolaires avec Augustin peuvent ternir – ou nous rendre plus crédible ? — l’image chère aux peintres du saint ermite retiré dans une grotte pour y lire les Écritures. Mais c’est bien l’Écriture qui est sa passion : défenseur, comme on sait, de la veritas hebraïca, et réviseur des traductions latines déjà existantes, il connaît les différentes versions grecques de l’Ancien Testament, sans doute surtout grâce à Origène, et il se vante d’être un lecteur assidu des Pères grecs. Ses choix de traducteur sont décisifs à un moment où l’Église occidentale, latine, affirme ses caractères propres. Prédicateur, exégète, Jérôme, « entre l’Occident et l’Orient », est ainsi un témoin essentiel du développement du christianisme à la fin du IVe siècle.
Françoise VINEL
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.